Depuis plusieurs mois, la sphère médiatique et politique communique régulièrement sur une question actuelle qui nous concerne tous : doit-on autoriser, encadrer et intégrer les pratiques non conventionnelles de santé (PNCS) dans la médecine conventionnelle ?
Une équipe de chercheurs et universitaires, médecins et professeurs de médecine, représentés par le CUMIC (Collège Universitaire des Médecines Intégratives et Complémentaires) propose de réglementer ces pratiques pour les intégrer dans la médecine en toute sécurité. Ils dénoncent également la communication médiatique actuelle faite autour de l’augmentation soit-disant exponentielle des PNCS et des signalements de dérives.
Lors de ce débat, le Pr F. Berna, psychiatre, professeur à l’Université de Strasbourg et membre du CUMIC aborde toutes ses questions avec le Dr M. Lagniaux, médecin gastro-entérologue à Paris, représentant du collectif Nofakemed qui s’est fait connaître par ses prises de position contre les PNCS qu’ils qualifient de “fausses médecines”.
Nous vous invitons à écouter cet échange très instructif permettant à chaque participant de mettre en avant ses arguments.
Voici le lien vers le débat : “Le business des médecines douces”
Suite à ce débat une tribune donnant à nouveau la parole aux deux parties intervenant dans le débat a été publiée dans le Figaro santé
Pour notre part, après visionnage, nous retenons les points suivants :
– le premier étant que bien évidemment, il faut lutter contre les abus et les dérives de certains praticiens de PNCS qui sont réelles (comme les exemples donnés dans ce débat et non contestés par les deux parties). C’est ce que nous faisons à FasciaFrance en éditant régulièrement des recommandations et en ayant créé une charte éthique qui sécurise le recours à des soins de fasciathérapie.
– le second étant que nous sommes d’accord avec le principe que les PNCS ne doivent en aucun se substituer aux traitements conventionnels qui ont montré leur efficacité et ce d’autant plus qu’il s’agit de maladies graves. C’est pour cette raison que nous n’utilisons jamais le terme “alternatif” mais celui de “complémentaire” pour éviter de laisser penser que la fasciathérapie pourrait se substituer à un diagnostic ou à un traitement médical éprouvé pouvant occasionner une perte de chance pour le patient.
– le troisième étant que nous considérons qu’il est nécessaire de procéder à des évaluations rigoureuses des PNCS et de réglementer l’exercice et la formation des praticiens. Nous mettons de notre côté à disposition du public une information régulière des différentes publications sur la fasciathérapie et allouons une partie des cotisations de nos adhérents à des projets de recherche. Cela s’est concrétisé récemment par la réalisation d’un essai clinique sur la lombalgie référencé sur la base clinical trials.
– le quatrième point étant que nous nous étonnons comme cela est évoqué dans le débat sur le décalage entre l’exigence de preuves scientifiques des représentants de la médecine conventionnelle et le manque d’arguments scientifiques quand il s’agit d’étayer leurs allégations de dérives ou de business lucratif des PNCS. Les français (au vu des chiffres donnés dans ce débat) ont recours quotidiennement aux PNCS et estiment donc qu’elles ont leur place dans leur parcours de santé : elles les aident au quotidien à soulager des troubles bénins appelés “fonctionnels” et améliorer leur qualité de vie lorsqu’ils souffrent de maladies chroniques et/ou graves. Les preuves de ces bienfaits manquent sans doute mais les témoignages et les études scientifiques citées dans le débat montrent que peu de personnes ayant recours aux PNCS quittent les soins conventionnels surtout quand ils souffrent de maladies graves comme le cancer.
Les positions corporatistes ne doivent pas nous faire oublier que la santé est une affaire personnelle, publique et sociale : chaque citoyen doit avoir le choix et le droit de disposer de sa santé. La médecine moderne et occidentale a fait d’énormes progrès, améliore et sauve la vie des malades au quotidien. La connaissance médicale est précieuse et doit éclairer les patients. Nul ne peut contester cela et nous nous élevons contre toute forme de complotisme ou de dénigrement de la médecine.
Pour autant, nous refusons de considérer que toute pratique non encore suffisamment éprouvée doit nécessairement être qualifiée de dérive thérapeutique avant que la science ne se soit prononcée et ce même si les principes et les concepts sur lesquels elle repose ne sont pas conventionnels au sens médical du terme. Nous réaffirmons donc comme de nombreux chercheurs, médecins qu’il faut donner les moyens et les outils méthodologiques pour évaluer sérieusement et sereinement les PNCS afin d’apprécier de façon transpartisane leurs risques et leurs bénéfices.