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Nous proposons à votre lecture trois nouvelles parutions : un livre de référence de plus sur l’anatomie du fascia, un article sur le rôle de l’hydratation dans l’activité tendineuse et un article sur le glissement et l’épaississement des fascias dans la cervicalgie chronique. Bonne lecture !

  • Un nouvel ouvrage sur le fascia humain : Functional Atlas of the Human Fascial System, C. Stecco

La continuité tissulaire, une évidence anatomique et biomécanique !

Principalement basée sur des centaines de dissections, l’Atlas des fonctions du système aponévrotique humain présente une nouvelle vision du système fascial à travers une vue globale des fascias et de leurs connexions décrivant des chaînes cinétiques myofasciales. Une aide pour comprendre comment le fascia joue un rôle dans le dysfonctionnement myofascial (altération de la fonction musculaire et des entrées proprioceptives). Une confirmation de la continuité fasciale et de son rôle connectif, en particulier entre muscles, nerfs et vaisseaux sanguins. Cette compréhension aidera à guider le praticien dans le choix de la technique la plus appropriée pour s’adresser au système myofascial. C’est également une ressource pour enrichir, préciser et mieux appréhender les méthodes de thérapie manuelle.

Auteur : Prof. Carla Stecco, chirurgien orthopédiste et chercheur

A commander ici 

  • Un article sur l’hydratation du fascia et la puissance du tendon publié dans la revue “Nature”.

Le tendon serait capable de développer une force interne !

Cette recherche révèle pour la première fois le rôle complexe que l’eau joue sur le collagène composant les tendons, les os, la peau et les autres tissus du corps humain. L’ajout ou le retrait de quantités d’eau (même petites) du collagène des tendons peut générer des forces étonnamment puissantes : 300 fois plus puissantes que celles générées par les muscles. ” Nous montrons qu’il peut développer des forces importantes, en particulier dans les tendons, qui sont considérés comme une matière passive.” Pr Markus Buehler. Ces chercheurs ont montré que l’intérieur de la structure complexe protéinique qui compose le collagène du tendon se modifie avec l’addition d’eau entraînant certaines parties de la molécule à s’étendre et d’autres à se rétrécir. L’équilibre entre les deux mécanismes détermine l’existence d’une contraction ou d’une extension des molécules de collagène dans leur ensemble. Cependant, il semble que lorsque de l’eau est retirée de la structure moléculaire, le tendon se rétrécit. Il reste à comprendre le rôle joué par ces forces internes dans le fonctionnement biologique normal, en particulier sur la tension qu’exerce le tendon sur son environnement myofascial, articulaire et osseux.

Auteurs : A. Masic, L. Bertinetti, R. Schuetz, S. Chang,T.Hartmut Metzger, M. J. Buehler & P. Fratzl ; Nature Communications 6, Article number: 5942;doi:10.1038/ncomms6942

À lire (en anglais) ici 

  • Un article sur le rôle de l’épaississement des fascias dans la cervicalgie chronique

Que se passe-t-il quand les fascias arrêtent de glisser ?

Les résultats de cet article soutiennent l’hypothèse que le tissu conjonctif lâche peut jouer un rôle important dans la pathogenèse de la cervicalgie chronique. L’échographie a en effet suggéré qu’il y avait un épaississement du tissu conjonctif lâche, dans les muscles cervicaux clés, chez les personnes souffrant de douleur chronique du cou. Les résultats après traitement (manipulation fasciale) montrent une différence significative entre les sujets sains et les patients atteints de cervicalgie chronique, avec diminution de l’épaisseur du tissu conjonctif lâche des fascias du sterno-cléido-mastoïdien et des scalènes. Une diminution significative de la douleur et de l’épaisseur du fascia ont également été trouvées. L’analyse de l’épaisseur des sous-couches a montré une importante diminution dans le tissu conjonctif lâche, à la fois à la fin du traitement et pendant le suivi.

Des études antérieures de Langevin et ses collègues (Langevin HM, et al 2011) sur le fascia thoraco-lombaire ont montré des changements très similaires chez les patients lombalgiques chroniques. Langevin confirme que la densité du fascia thoraco-lombaire superficiel est nettement augmentée (25% plus épais) chez les patients lombalgiques. Le processus d’épaississement et de densification fasciale (objectivée par les images échographiques) pourrait correspondre à une réduction marquée du potentiel de glissement des couches profondes du fascia thoraco-lombaire. Ces variations d’épaisseur de l’aponévrose lombaire ont été corrélées avec une augmentation de la quantité de tissu conjonctif lâche sans augmentation des couches de fibres de collagène. La pertinence clinique de ces caractéristiques de glissement ne doit cependant pas être surestimée.

L’augmentation de la quantité d’acide hyaluronique (produite par un surmenage excessif du fascia) est avancée pour expliquer cet épaississement et cette densification fasciale.

Pour plus d’informations sur l’étude : L’échographie dans la douleur du cou myofasciale: essai clinique randomisé pour le diagnostic et le suivi. Antonio Stecco et al Surg. Radiol. Anat. 36: 243-253 

Une autre étude aborde également les liens entre l’épaississement, la densification du fascia et la perte de son potentiel de glissement à lire ici  pour la version originale et ici  pour la traduction française

On peut en partie comprendre les mécanismes de nos méthodes de traitement manuel ou gestuel des fascias : mettre en mouvement les fascias pour restaurer leur dynamique de glissement. De quoi continuer à mettre en mouvement les fascias !