Par Bernard Payrau et Nadine Quéré, le 25 Mars 2012

Pour les Fasciathérapeutes, et même si les techniques diffèrent, connaitre les effets histologiques du massage sont des éclairages intéressants concernant les thérapies manuelles. Ces travaux scientifiques sont susceptibles d’apporter une contribution à la compréhension de ce qui se produit sous les mains du thérapeute manuel. Nous saluons la publication de cette équipe et vous proposons une traduction française du résumé, en plus du lien ci-dessous avec le texte anglais original.

• Un nouveau domaine de recherche

Pour information, la Recherche/Médecine translationnelle est un nouveau domaine de recherche/médecine qui a pour but de créer le lien entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée au service de la médecine afin de mettre au point des procédés innovants,  mais aussi dans la perspective d’une médecine personnalisée. Son slogan est « de la paillasse au lit du malade ». Ces interactions étroites (translationnelles) entre recherche fondamentale et clinique doivent aboutir à une application plus rapide et sécurisée de connaissances médicales (pronostiques, diagnostiques, thérapeutiques) au bénéfice du patient  .

Et l’on découvre dans ce mouvement actuel que la recherche en fasciathérapie trouve naturellement sa place. C’est une invitation aux vocations naissantes de chercheurs au service de notre domaine.

• Traduction française du résumé de l’article (Bernard Payrau)

Le massage thérapeutique atténue les voies de l’inflammation dans les traumatismes musculaires liés à l’exercice physique
Crane J.D., Ogborn D.I., Cupido C., Melov S., Hubbard A., Bourgeois J.M., M. Tarnopolsky M.A., Sci. Transl. Med. 4, 119ra13 (2012)

Le massage thérapeutique est couramment utilisé dans la réadaptation physique des muscles squelettiques afin de diminuer la douleur et de favoriser la guérison des blessures. Bien que la preuve soit faite que le massage est capable de soulager la douleur provoquée par une blessure musculaire, on ignore encore comment il agit sur le fonctionnement cellulaire. Afin d’évaluer les effets du massage, après avoir provoqué des altérations musculaires sous l’effet d’un exercice physique auprès de 11 hommes jeunes, certains ont reçu un massage thérapeutique de leur quadriceps, d’autres non. Des biopsies du quadriceps ont été prélevées dans le muscle vaste externe, initialement, après 10 min de massage et après une période de 2,5 heures de récupération. Nous avons observé que le massage activait les voies de signalisation FAK dépendantes de la mécanotransduction et l’ERK, potentialisait les voies de signalisation de la multiplication des mitochondries (PGC-1 α ) et atténuait l’accumulation dans le noyau du facteur nucléaire NFkB provoqués par le traumatisme musculaire engendré par l’exercice physique. En outre, malgré l’absence d’effet sur les métabolites musculaires (glycogène, lactate), le massage avait atténué la production des cytokines inflammatoires TNF-α et interleukine-6 (IL-6), et réduit la phosphorylation de la protéine de choc thermique , atténuant de ce fait le stress cellulaire résultant des traumatismes myofibrillaires. En résumé, un massage thérapeutique administré au muscle squelettique ayant subi un traumatisme aigu sous l’effet d’un exercice, s’avère objectivement bénéfique en réduisant l’inflammation et en favorisant la multiplication mitochondriale.